Les carnets de voyage

Les carnets de voyage








10 Novembre 2007: 14h58
Aéroport de Roissy Charles de Gaulle, terminal 2F.Le 747-400 du vol Air France AF 980 termine sa préparation.
Dans quelques minutes nous allons embarquer pour un vol de 11h40 à destination de l'île Maurice. Mon premier vol long courrier, et la découverte demain d'un monde de carte postale, je ne sais pas encore que je vais subir un choc artistique. 
15h20, la pluie ruisselle sur les hublots tandis que notre avion est repoussé du poste Fox 54. Adieu la grisaille et le froid du mois de novembre, à moi la douce chaleur des tropiques.
Après 11 heures de voyage, le soleil se lève sur l’océan Indien. L’œil rivé au hublot je regarde fasciné la mer de nuages.


Mon premier long voyage: dans moins de deux heures je vais découvrir une île lointaine, petit point perdu dans l’océan Indien au large de la grande île de Madagascar.
Je ne le sais pas encore, mais je vais éprouver le choc émotionnel de ma vie. Un choc de couleurs, de sons et d’odeurs.
A l’heure, il 07h00 heure locale le grand oiseau blanc pose ses roues sur la piste de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam à Plaisance au sud de l’île. Je suis immédiatement enveloppé par une chaleur moite. Les formalités accomplies c’est la sortie des bâtiments et là, on comprend ce que peuvent signifier les mots « chaleur moite » : 30° et 90% d’humidité, d’autant plus humide que le temps est à la pluie.
Mais le chant des tourterelles, les palmiers et la végétation luxuriante aux nuances de verts infinies, le bleu du ciel, et ce melting-pot humain qui nous accueille tout sourire, me donnent le vertige. C’est beau !
 
Mais ce n’est rien en comparaison de ce qui m’attend dans une heure, car pour l’instant il nous faut traverser l’île du sud au nord pour rejoindre Péreybère.
Cette traversée de l’île, effectuée sur « l’autoroute », va me permettre d’avoir un premier aperçu de cette terre d’origine volcanique.
Le vrai choc sera à l’arrivée, mais ça, c’est une autre histoire.








Photos: Bruno Lelait droits réservés
Après une recherche frénétique sur le parvis de l'aéroport, nous finissons par trouver Zyad, notre chauffeur. Une heure sera nécessaire pour couvrir les 70 km qui séparent Plaisance de Pereybère, car même si ici l'autoroute comporte bien 4 voies, la vitesse est limitée et les forces de l'ordre veillent. La plus grande partie du trajet se fait sous les averses et il pleut lorsque nous arrivons dans les faubourgs de Port Louis la capitale et là c'est comme dans toutes les capitales du monde à l'heure de l'embauche: nous avançons au rythme de l'escargot dans les embouteillages. Et ce malgré une astuce qui consiste à octroyer une voie supplémentaire au sens de circulation embouteillé en en enlevant une de l'autre côté. C'est déjà curieux de rouler à gauche, mais en plus de rouler sur une file prise de l'autre côté!!!!!
La pluie cesse au moment même où nous descendons du minibus de Zyad devant notre villa.
Comme un automate, j'entre dans la villa et attiré par ce que j'aperçois de l'autre côté, je traverse le salon et je découvre ça:

Une symphonie de verts, avec des touches de rouge, et derrière le lagon dans des nuances de bleus et de gris colorés. L'air est rempli du chant des tourterelles de Java, des cardinaux et des martins. Je m'assieds et je reste là à contempler ce décors de rêve. J'ai le sentiment à l'instar d'Alice, d'avoir traversé non pas le miroir mais une carte postale. Je suis dans une carte postale et ça bouge, ça bruisse, ça chante.....c'est vivant.
Petit à petit, sous mes yeux émerveillés, les couleurs du lagon vont s'intensifier. Avec le temps je vais découvrir que les couleurs de l'eau changent en permanence avec la lumière ambiante et comme les nuages vont se déchirer rapidement, la palette des bleus du lagon et des verts des cocotiers va exploser....comme dans les tableaux du douanier Rousseau. Et je peux vous assurer que ce n'est pas une image...c'est vraiment comme dans les tableaux du douanier Rousseau! Les verts des palmiers et des cocotiers, les bleus du lagon et du ciel et le rouge des fleurs des bougainvilliers. Enfin quand je dis le rouge, je devrais dire les rouges, les violines et les jaunes qui explosent un peu partout en grappes de couleurs.
Cette première journée est un réel enchantement. Je découvre et je touche du doigt des couleurs féériques que je connaissais au travers des œuvres de Gauguin ou du douanier Rousseau. Et je ne suis pas encore au bout de mes surprises!
La journée s'achève brusquement, en effet sous les tropiques le coucher de soleil va très vite et l'on passe rapidement de la clarté du soleil à celle des étoiles. Allons nous asseoir sous la varangue pour contempler ce coucher de soleil derrière les cocotiers. A demain.
Photos: Bruno Lelait droits réservés

Enn séren di kap ek enn kardinal pé kourtizé lor enn brans filao*

Les oiseaux ou plutôt "lé zwazo" en créole, et si nous traduisons le titre: 
*Un serin du cap et un cardinal se font la cour sur une branche de filao!
En ce matin du 12 novembre 2007, attablé pour mon petit déjeuner, je ne connais pas encore leur nom, mais ils s'invitent à ma table tandis que mes compagnons de voyage dorment encore.

 
Le premier à venir me rendre visite est un bulbul Orphée (Pycnonotus jocosus)  mais pour l'instant je le baptise "houpette".


Le foudi rouge, faussement appelé cardinal (Foudia madagascariensis) vient me faire un petit coucou du bout de l'aile...mais je crois qu'il est plus intéressé par les miettes de mes tartines qu'autre chose.

 
Le soleil qui commence à chauffer illumine le lagon et révèle l'étendue de la palette des bleus. Il est temps pour moi d'aller faire un tour.


Une plage normale, bordée de filaos, de cocotiers et de palmiers...le lagon est calme...à mon retour je me jetterai à l'eau qui est à 25°.....


Mon petit-neveu prend son petit déjeuner face au lagon...."c'est trop beau" me dira-t'il!

Photos: Bruno Lelait droits réservés

Notre premier séjour s'est déroulé dans le nord-ouest à Pereybere, la zone la plus touristique de l'île. En montant dans l'avion je m'étais promis de revenir pour découvrir une île plus authentique loin des palaces. Au moment du décollage, l'œil vissé au hublot pour me remplir la mémoire, je découvre un merveilleux lagon juste sous l'aile gauche de l'appareil. A cet instant je ne sais pas encore que je vais y revenir et m'y faire des amis.
A peine rentré, je parcours Internet pour me documenter, en savoir plus, avec Eveline nous avons décidé: nous repartons au mois de novembre 2008. Tandis que le printemps pointe le bout de son nez sur le vignoble Nantais Eveline parcourt Internet à la recherche d'un hébergement et finit un beau jour par me montrer une location à la pointe d'Esny. Un coup d'oeil sur la carte et.....c'est le lagon que j'ai vu en décollant.
Eveline réserve, et il ne reste plus qu'à s'armer de patience jusqu'au 10 novembre. Et oui même date de départ que l'année dernière, c'est un signe.
Ce coup-ci nous sommes seuls, tous les deux, ravis de nous retrouver sur l'esplanade de l'aéroport, grand soleil, plus de 28° à 7 heure du matin, pas un nuage et pas de vent.....Le bonheur! Un taxi, et hop c'est parti direction le campement Constantin.
Une explication est nécessaire quand à ce nom de campement. Du temps des colons, ces derniers résidaient au centre de l'île où la température est plus clémente notamment à Curepipe et pour les week-ends ils possédaient des terrains en bordure de lagon sur lesquels ils avaient construit des abris sommaires. Avec le temps ces abris de type case bambou sont devenus des villas que leur propriétaires continuent d'appeler des campements bien qu'ils n'en aient plus que le nom.
Moins d'un quart d'heure après notre départ de l'aéroport nous voici sur la route côtière qui va de Blue-Bay à Mahébourg.
Le panneau de la villa nous apparaît soudain au beau milieu des fleurs de bougainvilliers. Nous déchargeons nos valises et pénétrons dans le jardin. C'est un enchantement pour les yeux et les oreilles. Mélange de flamboyants, de frangipaniers et de bougainvilliers pour les yeux, symphonie de colombes de Java, de foudis rouges, de bulbuls et de martins pour les oreilles, rajoutez à cela les parfums enivrants des plantes et vous aurez un aperçu de ce que vos sens perçoivent.
Nous sommes immédiatement accueillis par le sourire de nos hôtes, Noele et Hugues qui nous invitent à partager le petit déjeuner dans ce décor de rêve.
Je vais découvrir le thé de Bois chéri dont je rapporte toujours plusieurs paquets. Lorsque j'en bois ici en France, il suffit que je ferme les yeux pour que je sois immédiatement transporté à la Pointe d'Esny. Immédiatement nous apprécions l'humour de Hugues et la gentillesse de Noele.
Le temps de poser les valises et notre premier regard est pour le lagon, celui-là même que j'avais vu de l'avion.
Ce séjour sera celui des rencontres:
Noele et Hugues nos hôtes
Dhiraj Mungrah dit Baba notre chauffeur
Shanghita son épouse, Pritty et Néha ses filles
Hans, moniteur de plongée
Mélissa,
Sunil et ses fruits merveilleux.
Tous ces gens sont devenus des amis pour certains, de bons copains pour d'autres, mais une chose est certaine c'est que nous nous retrouvons toujours avec beaucoup de plaisir.
Ce sera aussi le séjour de la découverte:
La plongée,
Le marché de Mahebourg,
Le bus (prononcez le bis en créole)
La cuisine Mauricienne
En fait la découverte de la vie mauricienne avec des mauriciens.
Depuis ce séjour nous sommes restés fidèles à la pointe d'Esny. Certes le temps est un petit peu moins clément que sur la côte ouest, mais la vie y est beaucoup plus vraie, moins de "touristes" moins de structures européanisées plus d'authenticité. C'est ce que nous allons découvrir maintenant au fil des pages. Mais avant je vous invite à venir partager le thé avec nos hôtes.
A droite Noele, au centre Hugues et à gauche Frances, expatriée anglaise et enseignante au lycée de Curepipe, c'est une ancienne collègue de Noele. Que de délicieux moments nous avons passés ici en bavardages divers. A chaque séjour nous apportons des petits gâteaux "pur beurre" de Nantes, ou des spécialités alsaciennes.